
Aujourd’hui je vous emmène avec moi au marché de Yelwa. Samedi c’est jour de déballage et ce matin j’ai rendez-vous chez Rémi. Rémi déballe aujourd’hui les sous vêtements. Au début je n’ai pas très bien compris pourquoi il faisait ce déballage là deux semaines après la saint valentin. Mais on m’a vite éclairé, nous sommes le 3 et dans quelques jours, c’est le 8 mars… Et le 8 mars c’est pas petit au Cameroun !
LE MARCHE DE YELWA
Yelwa est LE quartier chaud de Garoua. L’entrée principale du marché de Yelwa est bordée de hangars de friperies. Organisés. A gauche ce sont les vêtements, adultes et enfants : chaussettes, pantalons, chemises, chaussures, ceintures, robes, etc.
A droite, c’est essentiellement le linge de maison : serviettes, draps, couettes, couvertures, coussins, nappes de tables, torchons, tapis de bain, …. Plus haut dans la rue, on trouve les étals habituels des marchés, vivriers, cosmétiques, etc.
Dès les premiers instants il faut vite apprendre à céder le passage aux motos-taxis qui n’arrêtent pas leur trafic. Au risque de se faire renverser. Je me souviens qu’à Ouaga, il fallait mettre pied à terre et laisser sa moto au parking. Aucune moto dans les rues du marché. Et si ça devait arriver, les conducteurs se devaient de “négocier la voie”. Ici, aucun parking motos. Question de confiance, surement.
CHEZ RÉMI
Rémi n’est pas installé dans la rue principale du marché de Yelwa. Sa boutique est dans une rue plus calme. Sous le ventilateur qui brasse l’air chaud de son magasin, il y a deux bancs. Des étagères couvrant tous les murs, présentent les derniers articles déballés. Avec Zidane son assistant, Rémi prépare la séance du jour. Des clientes fidèles sont déjà présentes. Patientes. Les deux bancs sont vite pleins. Rémi s’installe et demandent aux clientes de poser leur sac à main dans un endroit prévu à cet effet. Il a déjà eu de mauvaises surprises. Surtout quand il s’agit des dessous.
Dans la balle qu’il ouvre il y a de tout : des soutiens, des maillots de bains, des boxers, des shorty, des culottes, des strings, des tangas, des nuisettes, des portes jarretelles, bref toute la petite lingerie féminine. Il y a aussi de la Marque : Victoria’s Secrets, Triumph, Chantelle, Passionata, … Les articles que Rémi déplie et présente sont neufs et n’ont jamais été porté. Il ne fait que de la fin de série et garde jalousement le secret sur son réseau de fournisseurs.
LE DÉBALLAGE
Le déballage se fait dans le calme et la discipline. Peu de mots sont échangés. Rémi est le seul à mettre la main dans le lot et il n’hésite pas à rabrouer les clientes un peu trop zélées. Il n’est pas rare que deux clientes tendent la main pour saisir le même article. Mais toujours, le tour de poitrine, la profondeur du bonnet ou le tour de bassin finissent par les départager, et ce sans chamaillerie.
Plus tard les retardatrices pourront venir faire le tri dans la pile qui n’a pas trouvé grâce aux yeux des clientes présentes. Dans la clientèle de Rémi il y a de tout : des cadres de la Fonction publique aux femmes d’expatriés en passant par les voisines commerçantes au marché. Il faut dire que ses articles sont de qualités. Uniquement des fins de série. Qu’il s’agisse de chaussures, de tenues de sport, de robes, de costumes, de chemisiers ou d’articles pour enfants. A tel point qu’il est également fournisseur de plusieurs revendeurs dans la ville.
MON NOUVEAU RITUEL
Quand Rémi fait le déballage d’une catégorie de vêtements qui m’intéresse, je m’organise pour être présente du début à la fin. J’assiste à toute la séance pour être sure de voir tous les articles. Et je m’arrange aussi à être la dernière à passer à la caisse. Pourquoi ? parce que très souvent, à cause de la facture salée, les clientes sont obligées de lâcher de jolies pièces amassées dans le “feu de l’action”. Je patiente donc pour ça et aussi pour essayer de négocier au meilleur prix. Parce qu’en fait Rémi fait les prix à la tête du client. J’attends donc en tendant bien les oreilles pour saisir les prix négociés et à mon tour je sais un peu sur quel pied danser.
Désormais donc, je passe tous mes samedi matins au marché de Yelwa. Jour de déballage chez Rémi ou tout autre revendeur qui présente des articles intéressants. Ils communiquent souvent leur calendrier à l’avance.
Garoua manque cruellement de distractions et on a vite fait le tour de la ville. En outre la plupart des boutiques offrent souvent des “chinoiseries” et des articles de faible qualité.
Aller au marché de Yelwa c’est un peu comme aller faire du lèche-vitrine, sauf qu’ici on lèche un peu plus de poussière en plus ;-).
Len
octobre 2, 2020Merci de partager vos expériences, je m’installe à Garoua et votre blog est une énorme source d’informations. Milles Merci.
Ce serait cool de prendre un Café un de ces 4, j’ai besoin d’amies.
Ayyahh
octobre 2, 2020Hello, je suis contente que mon blog vous soit utile. J’ai malheureusement quitté garoua en mai 2019 mais le monde étant petit on pourrait se retrouver autre part, qui sait 😊