
de Arto Paasilinna
“Deux hommes accablés roulaient en voiture. Le soleil couchant agaçait leurs yeux à travers le pare-brise poussiéreux. C’était l’été de la Saint-Jean. Sur la petite route de sable, le paysage finlandais défilait sous le regard las des deux hommes; aucun d’eux ne prêtait la moindre attention à la beauté du soir.
C’étaient un journaliste et un photographe en service commandé, deux êtres cyniques, malheureux. Ils approchaient de la quarantaine et les espoirs qu’ils avaient nourris dans leur jeunesse étaient loin, très loin de s’être réalisés. Ils étaient mariés, trompés, déçus, et avaient chacun un début d’ulcère à l’estomac et bien d’autres soucis quotidiens.
Ils venaient de se quereller pour savoir s’ils devaient rentrer à Helsinki ou s’il valait mieux passer la nuit à Heinola. Depuis, ils ne se parlaient plus.
Ils traversaient en crabe la splendeur du soir, la tête rentrée, butés, l’esprit tendu, sans même s’apercevoir de tout ce que leur course avait de misérable. Ils voyageaient blasés, fatigués.
Sur une petite colline exposée au soleil, un jeune lièvre s’essayait à bondir; dans l’ivresse de l’été il s’arrêta au milieu de la route, debout sur ses pattes de derrière; le soleil rouge encadrait le levraut comme un tableau.”
Je ne suis jamais allée en Finlande. Un jour peut être. En attendant ce livre m’a fait voyager et découvrir le paysage de ce pays nordique. J’ai trouvé le roman étrange, léger et frais, un beau moment de détente et d’évasion.
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